Une mort existentielle • dialogue intérieur
Cela fait peur, cela dérange, quelle étrange sensation que celle de mourir. Et pourtant, cela n’est pas la première fois : j’ai eu plusieurs vie autrefois, et dans cette vie là aussi. Mais ce sentiment persistant et profond, lequel prend le ventre demeure toujours déjà nouveau et terrifiant. Ceci est un mélange d’effroi et de hâte : la fin d’une ancienne vie, et le commencement d’une nouvelle.
L’on ressent cette angoisse de mort dans le corps, cette angoisse au fond des tripes, qui tire dans les abysses de l’âme.
Les rêves s’écroulent, et les paysages changent, les gens se métamorphosent, meurent ou s’en vont définitivement.
Au final, le plus difficile dans cette histoire est de dire « adieu » : à ce qui n’est plus, et ce qui ne peut plus être. Soit, ce qui n’entre plus en résonance avec ce Soi nouveau qui émerge du fond des profondeurs de l’Être.
La vie s’aligne, les opportunités se présentent, et le nouveau Soi toque à la porte. Il est temps de partir. À la fois de partir loin, mais aussi de rentrer chez soi. Par « chez » soi, j’entends revenir à la maison : à ce qui est de vrai en soi, à ce qui est d’essentiel chez soi. Entrer dans cette nouvelle demeure qui est pleinement nôtre, de façon tout à fait autonome.
Je crois que c’est cela devenir adulte…
C’est devenir pour soi son propre guide, le Messi et le prophète de son ère et de sa propre histoire de vie, et d’amour.
C’est se rendre compte que tout coule, et que la vie, comme l’eau ruisselle et n’attend personne. C’est prendre conscience que l’enfance est loin mais encore là au creux du cœur, encore vivante dans le souvenir. Juste là, à distribuer encore et encore pour le plaisir des petits à venir, et son propre bonheur car, rien de doit être pris au sérieux, jamais. Alors, en cela, il faut continuer de rire, de jouer, taquiner, s’émerveiller, créer, découvrir, voyager…Être vivant, et profiter de la vie.
Car il faut garder en mémoire que la mort est à notre seuil et emporte absolument tout sur son pas sage.
J’ai appris car le temps a su m’instruire, qu’il faut prendre le temps. Le temps de respirer, de faire ce qu’il nous plait, et par-dessus tout de profiter de l’instant, chaque goutte, telle une cure de jouvence.
Être heureux, sourire chaque jour, et aimer : c’est garder la jeunesse du cœur comme trésor. Le reste, appartient à la sagesse du temps et à la vieillesse. De toute façon, aimer reste l’essentiel aux prunelles de l’âme.
Les choses s’en vont ou se détériorent, le temps s’écoule, la roche s’érode et la peau ride.
« Rien ne résiste au temps : pas même l’âme », et moi non plus.
Un jour je mourrai, je le sais, et je meurs chaque jour finalement. Aujourd’hui cela me fait peur, car cette sensation est forte. Puis, ce n’est pas tant la mort qui effraie, mais plutôt la souffrance qu’elle engendre, et ce départ vers « l’après » qui dérange. En fait, l’inconnu terrorise or, il n’est que la surface d’un macro cosmos dont nous faisons toujours déjà partie.
L’on dit que lorsque l’on meurt Dieu nous accueille et je crois pertinemment en cela, dans le sens que Dieu est un fragment de Soi : car lorsque l’on meurt, l’on atteint une vérité profonde qui est nôtre. L’apocalypse, d’ailleurs, du grec αποκάλυψη signifie la Révélation de ce qui est.
Je découvre que je n’ai jamais eu peur de mourir physiquement, mais intérieurement, cela reste difficile, car je suis témoin de mon propre effondrement. J’assiste à mon propre enterrement, et ma renaissance. C’est comme une chute libre dans le ciel, et cela est agréable à la fois.
L’entre deux, tel un purgatoire, est long, fascinant et inquiétant.
Mais…Tout se déroulera bien.
Les histoires sont toujours parfaitement tissées, les tissus sont brodés magnifiquement : j’ai la Foi.
Foi en la Mort et la Vie qui ne sont que les deux faces d’une seule et même pièce, un cycle spiralaire, sans début, ni fin.
Nora Isis©️
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