Ma Mort • Poème en prose

Vers cette Mort inconnue je marchais. Sur cette plage, mon corps se préparait à mourir, à libérer cette âme qui, à présent, avait pour providence de retrouver sa voie parmi les cieux. Cette grande mort qui parachève la vie, qui accomplit l'être profond et illumine les prunelles de l'âme prête à s'abandonner à cet océan immense qu'est la mort. Mes pieds foulaient le sable humide, léchés longuement par les vagues de la mer. L'horizon me tendait ses bras, semblable à une mère veilleuse de son enfant. Je ressentais en les tréfonds de mon être ce souhait d'embrasser l'horizon de la mort. Cette fin, ultime orgasme qui transcende l'âme. Mon corps veillissant ne ressentait aucune crainte, toujours déjà dans la conscience de l'éphémerité de sa mission : être le temple de l'âme. Je marchais alors, seule sur cette interminable plage, comme un long pélerinage dans le désert. Mais ici le Guide était la mort même : cette Déesse au voile noir qui nous offre l'Absolu. J'entendais la voix des eaux qui me sussurait la sagesse de la vie : le pardon est un don, l'Amour est l'âme de l'âme, la sagesse est la Vieillesse, le silence est vertu, la sérénité est grandeur et beauté. Le Zéphir doux et chaud ravissait mes sens et me rappela la sagesse de tout ressentir ici, dans l'instant. Ce paysage qui m'offrait un véritable spectacle m'enseigna une dernière fois la beauté de la vie, qui est un présent. J'étais complètement nue, plus vulnérable que la vulnérabilité. Je m'unissais, et communiais avec cette nature si radieuse. Le soleil de l'ouest déclinait peu à peu. Je levai mon visage pour mirer cet océan étoilé, qui est désormais éternellement mon monde. Je regardais mes mains constellées de petites lumières emportées par la brise du crépuscule. Mon chemin était abouti, et il n'en put exister de plus achevé. Voici ma mort. Voici ma naissance. La Mort n'est pas la mort, elle est une réconciliation avec la vie. 

 ~ Nora