Esseulée sur ce rivage • poème en prose

Esseulée sur ce rivage, mes yeux se portent dans vers cet horizon incertain. La nuit couvre le ciel peu à peu de son ombre obscure, et me rappelle mes démons. Sur la voûte étoilée, ce ne sont pas des diamants lumineux qui me sourient, mais ce sont bien des créatures aux yeux terrifiants. Ce sont des démons qui m'observent, prêt à m'engloutir. Je les entends se gausser et ricaner dans les roseaux du lac. Assise, pensante sur cette petite berge, ce n'est pas les murmures de la brise du crépuscule qui chantent à mon oreille. Ce sont ces démons qui me hurlent, et me cinglent la tête. Leurs voix résonnent dans mon crâne comme des tambourin, et leur danse satanique en mon esprit retentit de plus belle. Ils tapent des mains, Oh diable! Ils me tourmentent l'âme ! La nuit paisible n'est plus, j'entends des pas marteler le sol autour de moi. Tout se dérobe sous mes pieds : l'eau du lac devenue sanglante m'agrippe violemment les pieds, et me submergent. Le soleil couchant semble grimacer horriblement. Les démons chantent de plus belle, et me cinglent à l'oreille :"toi, toi, tu n'es rien !" Je serre les dents, mais mon corps est controlé par ces disciples du Diable. J'ai froid, j'ai peur. L'horizon noir se transforme en des silhouetes effrayantes. Ce sont encore ces démons en un cortège carnavalesque, qui me crie dans la tête : "toi, toi, tu disparaîtras!". 

~ Nora