La place d'autrui dans mon évolution personnelle • Se libérer

De jour en jour, je prends conscience de l'importance qu'a eu Autrui dans toute la construction de ma psyché, de ma représentation du monde, mais aussi dans mon rapport à soi, comme à l'être. I - Autrui dans notre construction individuelle

  1.1 L'homme et le groupe

   L'homme, animal grégaire, bâtit son empire avec un seul référenciel : l'autre. Autrui prend une place protubérante dans notre manière d'être au monde. Et ce, dès notre plus jeune âge. Nous sommes notre bâtisseur, et l'autre (celui qui est en dehors de moi, et que je vois comme une entité séparée de moi) est l'architecte. Autrui dessine nos plans de vie, nos constructions psychiques malgré nous. Ou dirais-je plutôt, à l'insu de notre conscience immédiate. Le rôle d'autrui dans notre évolution personnelle, et par là j'entends bien la construction de notre individualité est insaisissable. Toujours agissant dans l'obscurité. Et nous croyons penser, être et agir indépendamment d'autrui. Or, nous sommes tous interdépendants : l'intersubjectivité, cette communion des consciences est nécessaire.

  1.2 La place d'autrui chez l'enfant 

   Dans la construction psychique de l'Enfant, Autrui est un exemple. Enfants, nous avons tous imités ceux qui nous entouraient. Nous les avons pris pour exemple. Et c'est en ce sens qu'Autrui est souverain dans notre construction psychique. Nous évoluons en fonction du regard d'autrui : la reconnaissance, l'approbation, les réactions... 

 1.3 La valeur de la norme : la construction du groupe • L'identification 

 Il ne faut point négliger la valeur qu'est la norme, dans ce système , a norme a bien une dimension axiologique. Si les autres sont autour de moi : je suis au centre. Ce groupe que nous formons instaure des valeurs générales, ou particuliéres que je me dois de respecter, de saisir afin de m'intégrer. Et encore, nous voyons là la force tyrannique et perverse d'autrui. La perfidie de la dynamique de groupe. Dans une société qui a établis la norme du groupe, l'individualité ainsi que l'authenticité s'effacent. Nous nous identifions à autrui sans plus même songer à notre identité, individualité propre. À notre unité. S'installe une identification au groupe. Et l'autre prend la véritable place d'un tyran, gouvernant notre psyché. Lorsque les autres me voient et me connaisssent, ils me définissent et me délimitent. Autrui a pour moi le regard de meduse. Et je m'identifie à cette vision qu'ils ont de moi, et je me vêtis de cette identité. Il s'agit d'un schème inexorable. Nous nous fondons dans le décors car cela est une peur naturelle, et dirais-je même inhérente à l'homme que de se sentir rejeté. Naturellement, nous avons besoin de nous sentir acceptés et pleinement reconnus par un groupe ce sans quoi nous nous sentirions inexistants. Invisible. Et quelle désagréable sensation que de ne point se sentir, non pas seulement être, mais aussi exister. Aussi, autrui nous rend visibles. Et c'est bien parce-qu'autrui nous rend visible de prime abord à mes propres yeux (je me sens exister, je suis un "étant"), et aux yeux du monde, qu'il peut nous asservir. Effectivement, rendons-nous bien compte que nos choix de vie, nos aspirations, nos relations peut-être, nos actes, pensées sont la plupart du temps sous la tutelle d'autrui. Nous pensons et agissons en fonction d'autrui, car c'est à travers autrui que nous semblons exister. Que nous croyons exister. Autrui me certifie que je ne suis pas une hallucination pour moi-même et à moi-même. 

  1.4 Sommes-nous finalement libres ?

  

    Nous pouvons y donner une réelle importance. Et nous y attacher fermement jusqu'en devenir sourd. Là est le danger : donner à autrui notre raison d'être. Ou faire de l'autre le sens de sa vie. Car nous ne vivons pas pour autrui, ni à travers autrui. Nous vivons pour SOI. La question de la liberté se pose. Sommes-nous libres lorsque nous prenons des décisions toujours se rapportant aux autres ? Sommes nous libres lorsque nos affects dépendent d'une personne ? Sommes-nous libres lorsque nous acquiesçons ce qu'autrui dit de peur d'être rejetés ? Sommes-nous libres lorsque nous agissons de telle sorte pour obtenir la reconnaissance des autres ? Sommes nous libres lorsque tout notre rapport au monde repose sur autrui? Ceci sont de véritables méditations. Et bien souvent, nous constatons que nous sommes enlisés dans ce rapport tyrannique à autrui.

  II - Autrui me révèle et m'exalte 

    Mais, c'est à travers autrui que nous nous rencontrons, que nous nous découvrons. L'autre est un miroir, révélant nos propres secrets, nos propres trésors, notre beauté, notre véritable essence. Qui a dit : "La beauté nait dans le regard de celui qui aime?" Autrui est bien le miroir de ce que nous sommes en profondeur. C'est en ce sens que l'autre est là non pas que pour notre propre construction individuelle et spirituelle, mais aussi pour nous révéler.

  III - Accepter Autrui, et se Libérer 

3.1 - Être en paix avec autrui et soi-même

    Ce n'est une rebellion. Nous ne pouvons nous affranchir complètement d'autrui, du regard des autres. Cela est nécessaire et toute notre construction est fondé là-dessus. Il ne s'agit pas d'entrer en guerre contre les autres, ni même de s'y opposer farouchement et sans conscience, ni encore même de ne plus considérer autrui. Celui qui se croit totalement émancipé du regard d'autrui (ou de sa présence) ou encore celui qui le néglige, ne fait que témoigner paradoxalement de l'importance qu'il lui porte. Rejeter autrui reviendrait à se rejeter soi-même.

  3.2 Apprendre à Accepter 

    Apprendre à intégrer autrui, c'est apprendre à l'Accepter, tout en prenant pleinement conscience de notre être. De ce que nous sommes. Nous sommes des êtres authentiques et uniques. Nous ne sommes pas les autres, et l'autre n'est pas moi. Il est important d'apprendre à prendre du recul, et de s'accepter tel que nous sommes. D'Accepter qu'autrui nous construise, sans pour autant nous définir. 

      3.3 Devenir son propre Devenir 

   Quoique nous puissons avoir peur de se détacher du groupe, de crainte de devenir le "mouton noir", ou le "vilain petit canard", il est important de devenir ce que nous sommes en se détachant d'autrui. En devant nous-même notre propre architecte. En étant nos propres aspirations, nos propres désirs, rêves : notre propre devenir.

  3.4 Revenir sur soi, et revenir à Soi : ÊTRE SOI-MÊME

    Puissez-vous revenir à vous même afin de devenir objet de votre propre méditation. Devenir la meditation en elle-même pour vous (re)découvrir. Vous découvrir en profondeur. Vous êtes un être ilimité, toujours en perpétuel devenir, jamais défini car : 

  《Je ne suis pas cet être qui demeure dans le regard d'autrui.》 

 ~ Nora Isis