La part d'ombre
Il y a cinq mois, j'ai fait plusieurs rêves dont j'ai enfin le sens. L'un plus marquant que les autres m'est resté à l'esprit. Il était sujet d'entrer dans une cave, pour aller trouver quelque chose. Cependant, je n'ai pas voulu m'y rendre, ce à quoi un de mes personnages a répondu : "Personne ne veut y aller à la cave".
Il est une sensation de tiraillement ; deux forces identiques et contraires qui, pourtant, poussent à se faire rencontrer ces deux parties de soi.
L'une est au fond, et tire de toute sa force, en agrippant les boyeaux jusqu'aux tréfonds de soi : elle semble sombrer dans les noirceurs de l'âme, et l'écho de sa voix effleure juste l'oreille.
L'autre, tire vers le haut, fière et debout, elle nous guide et apporte le bien-être, sans jamais regarder en bas, cette autre partie invisible dans l'ombre.
Cette première part de soi qui demeure au fond, paraît laide aux yeux de tous, comme une ombre terrée là-dessous. Tandis que l'on croit que l'autre suffit à la gloire de notre conscience.
J'aimerais vous parler de cette voix, à l'intérieur, qui manifeste sa force d'une extrême poussée, comme quelque chose qui tente à sortir, à se réveiller, comme une jeune plante qui pousse la terre à la recherche du soleil.
De cette part, ici, qui habite les abysses de notre inconscient. Celle qui nous invite à revenir à l'intérieur, à nos ressentis les plus puissants, quoiqu'ils soient désagréables ou non. Celle qui chuchote ou bien tant crie.
Cette part dont parlent nos rêves, et qui se transforme tantôt en monstre, tantôt en cette personne qui nous agresse.
Cette part qui réveille nos colères tempétueuses, qui nous fait réagir.
Celle qui se manifeste à travers l'autre, et qui nous dérange.
Cette part que l'on déteste, car elle porte les traits définis de nos défauts.
Et pourtant...
Ces deux parts de soi : l'une à découvert, et l'autre cachée ne sont que les deux faces de notre être séparé. Tant qu'il existe une résistance dans la rencontre des plus infimes parties de soi, il y aura une déchirure laquelle on recherchera sans cesse à combler.
La paix intérieure résonne avec la réconciliation, et l'acte d'amour de soi par l'acceptation.
Lorsque cette part d'ombre aspire vers le bas, la peur de la chute est immédiate. Mais cette introspection est nécessaire pour naître à sa propre lumière. Il s'agit là de marcher dans la nuit jusqu'à l'aube. Apporter de la douceur et de l'amour sur ce qui nous fait mal car la blessure et notre plus beau trésor résident toujours déjà au même endroit.
Il est question de se laisser emporter, de ressentir la gravité de nos émotions, comme sombrer tout au fond de l'océan et réaliser qu'un monde totalement inconnu vit là-dessous. C'est oser ouvrir les yeux dans le noir, et poser son regard sur ce que l'on ne veut pas voir.
En marchant quelques pas, une main nous est tendue : celle d'une silhouette familière qui est nôtre. Elle nous sourit tendrement, et semble moins terrifiante que ce que l'on croyait jusque là.
Elle porte seulement la trace de nos peurs, de nos traumatismes, de nos ressentiments. Elle était en pleurs de notre absence : c'est elle qui tambourinait, car elle voulait se faire entendre.
Et, en la couvrant à cet instant de douceur, en acceptant sa simple présence, l'on s'invite à la joie de vivre. L'on rassemble les morceaux égarés de nous-mêmes pour ainsi être complets, et en paix.
Nora Isis©️
Livre :
La Rivière - Recueil de poèmes en vers et en prose
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