Voyageons bien, voyageons léger • le carcan des charges émotionnelles

 

"Ce n'est pas mon combat, alors je choisis de déposer mes armes."

Il est un sens que j'ai donné à un précédent rêve. Il était question de traîner de grosses valises qui n'étaient pas miennes, en plus de mes affaires. Les tirant avec difficulté le long du quait, je pouvais observer les propriétaires des valises prendre leur départ. Une profonde frustration m'a donc agrippée les trippes, me tirant au fond de moi-même, là où se tapit la plus sombre colère. Je ne pouvais prendre mon propre départ, ni avancer comme je le souhaitais avec tous ces bagages entassés sous les coudes. Mais alors ? 

Il existe en soi une part d'altruisme qui cache une part de culpabilité, comme les deux faces d'une même pièce. À la surface, la bonté brille de sa lumière, mais en-dessous, une colère coincée dans l'inconscient cherche à rugir, qui devient à la longue une entrave à notre liberté. C'est le serpent qui se mort la queue, mais dans le mauvais sens, c'est à dire en terme de cercle vicieux.

L'on parlerait également du syndrôme du sauveur ; or j'évoquerais davantage, en ce sens, le "symptôme" du sauveur lequel manifeste un conflit intérieur bien plus important, comme une maladie infantile.

Derrière le rideau du don de soi, peut se camouffler un besoin de reconnaissance. Voilà une fierté comblée que de donner de sa personne mais attention. Il existe bien une limite : nous donnons aux autres que ce dont nous débordons. Et il est fort important de donner des limites, car autrui n'en a pas pour recevoir. Il s'agit d'un équilibre délicat, et nous sommes le funambule. 

Être dans l'empathie n'implique pas nécessairement d'en pâtir. L'on peut se mettre dans les chaussures de l'autre mais il faut bien les lui rendre. Nous ne sommes le Messi que pour nous-mêmes, et la responsabilité revient finalement toujours déjà à soi.

La figure des valises qui ne m'appartiennent pas représentent les charges émotionnelles d'autrui que je prends pour moi, et que je cherche à régler à leur place inconsciemment.

 Ce sont des combats qui ne sont pas miens, et que je dois déposer. Ma responsabilité est de rendre à César ce qui appartient à César ; la leur, de se prendre en charge, car "ce n'est pas mon histoire."

Lorsque nous endôssons consciemment (vouloir sauver, rescaper, guérir l'autre etc.) ou inconsciemment (capter les blocages des autres, éponger les émotions, les subir etc.) des charges qui ne nous appartiennent pas, nous nous fermons inévitablement des portes d'évolution sur le plan vibratoire. 

Cependant, d'un côté, le besoin de sauver (inconscient) nous complaît dans ce désir d'être aimé, et ceci n'est autre que la manifestation profonde de notre enfant intérieur. De l'autre, il nous fatigue à prendre en charge des choses sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle¹ et qui ne sont pas nôtres.

Cette tension (ou ce conflit) qui y réside crée donc une forme de frustration intériorisée, dirigée contre soi, et que nous avons tendance à rejeter paradoxalement sur l'Autre (qui s'exprime à travers des formules telles que : "j'ai tout fait pour toi", "tu pourrais m'être reconnaissant...").

Il est donc les charges que nous prenons nous-mêmes. Mais il existe également celles dont les autres nous accablent. Pour ces dernières, le principe reste le même. Allons-nous les accepter, ou les subir ? Allons-nous choisir de porter le monde sur nos épaules ? Ou allons-nous choisir notre propre légèreté ?

En sommes, nous avons d'ores et déjà nos propres bagages de vie, nul besoin de s'alourdir davantage.  

 Et il est bon de se souvenir que nous sommes responsables de nous-mêmes et de ce que nous donnons de soi aux autres. 

Nous avons la responsabilité de notre propre évolution, et de notre bonheur, car il y en a assez pour tous, et cela est bien suffisant. Le reste, demeure toujours déjà un choix d'amour.

Nora Isis©️

¹ - Le besoin de contrôle qui crée une forme de tension anxiogène, voulant à tout prix tout anticiper.