Accepter de s’effondrer
ACCEPTER DE S’EFFONDRER
[La métaphore du contenant pour comprendre notre rapport au « trop plein »]
« La force réside dans la capacité à être vulnérable »
Il est une métaphore commune du corps structurel, à l’image d’un objet haut et fort qui ne plie guère et qui, par-dessus tout, ne se brise pas. L’on conserve cette idée orgueilleuse que la force réside dans le fait de foncer en avant, et de garder la tête haute sans jamais « courber l’échine ».
Or, la force n’a jamais présidé la rigidité, et ne se définit guère par la solifité du mental, mais au contraire, semble se manifester dans la souplesse de l’esprit.
Il est à comprendre que la Force profonde se trouve dans la plus fragile plante qui se dresse vers la Lumière, dans les pétales délicates du coquelicot qui frétille sous la brise du soir, dans la tige du roseau qui plie sous le gré du vent, sans jamais rompre, dans l’écorce du chêne dure et chaleureuse.
Il est des instants dans lesquels contenir est destructeur, l’on endosse par dévers nous la cape du super-héros qui peut absolument tout endosser sans se lasser. Mais, il advient un moment que la coupe est pleine, que le corps contenant des émotions « déborde », inondant notre âme.
Lorsque nous atteignons ce « point de rupture », là où nous nous sentons à fleur de peau prêts à éclater, à déborder jusqu’à verser des larmes, lorsque nos émotions sont portées à ébullition.
Si nous résistons, l’on crée une tension intérieure et corporelle, laquelle risque de « vider » notre âme. L’on se sentira alors beaucoup plus fatigué. Làcher-prise est donc nécessaire. Il n’existe nulle champ de bataille en notre être, et nulle guerre en notre cœur.
Nous sommes au seuil d’une ère de renouveau où tout peut commencer : se libérer, se digérer, se regarder avec la plus grande des douceurs sans jamais se juger. Cela date la rencontre avec un soi trop étriqué dans le vase comprimé de nos affects, un soi qui s’est au fil du temps asphyxié et qui réclame du souffle, et de l’amour au creux de notre étreinte.
Cela se manifeste par des crises de colère, des crises de larmes, un tempérament lunatique, des maux de ventre, des nausées des diarrhées, des maux de têtes, des éruptions cutanés, bref : ce que le corps-contenant finit par « verser », pour que mieux se « remplir ».
Parfois il faut accepter de « s’effondrer » pour se reconstruire. Voilà qu’un véritable acte d’amour pour soi et envers soi que de se donner le droit de sombrer, de « toucher le fond » afin de découvrir au fond du fleuve notre plus beau trésor : cette lumière cachée, déposée dans les abysses de notre cœur éploré.
Puissions-nous accueillir et accepter nos émotions dans notre corps, sans les figer, ni les contenir. Les émotions sont comme les vagues et, l’on ne peut demander à l’océan de cesser de mouver, car :
Le mouvement, c’est la Vie.
Nora Isis ©️
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