Le Cerf et la Bête : archétypes du Masculin • Lecture psychanalytique

 



Notre chemin de femme nous guide toujours déjà vers la rencontre avec notre Masculin intérieur : cette part de nous indispensable pour pleinement fleurir à notre Féminité profonde et essentielle. Néanmoins, pour beaucoup de femmes, le rapport à la polarité « opposée » (le terme juste est « complémentaire ») est difficile, et souligné de douleur en amont, alourdi par les mémoires des lignées de femmes. La conceptualisation psychique du Masculin est alors biaisée, conforme à l’association Masculin-souffrance. Résulte alors une hyper valorisation du Féminin, lequel devient trop abondant, débordant, car non plus contenu par le Masculin. Lorsque le Féminin n’est pas structuré, il empiète sur notre capacité à se protéger, à s’assumer, s’affirmer, et agir. Ou, a contrario, devient sombre, castrateur, d’une séduction vampirique. Se développent en conséquence des schémas-comportement tels que « la gentille fille », « l’infirmière », « la fatale », voire une dépendance, mal exprimée, toxique, au Masculin. 

    Le Féminin et le Masculin sont consubstanciels : l’un n’existe pas sans l’autre, ce sont les deux faces d’une seule et même pièce, comme l’ombre et la lumière. Il s’agit d’un équilibre constant, qui nous rend complets et vivants. Venir éclairer et adoucir notre rapport au Masculin est un premier pas vers une guérison intérieure : vers une féminité et/ou une masculinité plus épanouie et consciente, car nos polarités psychiques sont correctement alignées.

 

     

   Une histoire de rêves : « la Bête » et le « Cerf » : deux archétypes opposés



     J’ai développé le travail thérapeutique avec les rêves et leurs interprétations, dans la compréhension de la construction de notre psyché, et de notre mémoire, afin d’apporter plus de conscience sur nos maux et blocages intérieurs encore coincés dans le soubassement du subconscient. 


     Je me souviens d’un vieux rêve dont je comprends le sens aujourd’hui. Je me trouvais devant un immense châssis, fait de rouge sang et de pourpre. Sur celui-ci, l’on pouvait observer une dame en robe blanche, le regard sévère, surmontée de bois de cerf. Un peu plus bas, l’on voyait une bête aux poils fournis noirs, les yeux éteints. Dans ce rêve, je m’étais émerveillée de la beauté de cette femme, que j’avais surnommé intuitivement « la Belle », étante accompagnée d’une « Bête ». 


J’ai ainsi rencontré l’archétype de « La Belle et la Bête », sans pour autant savoir ce que cela représentait véritablement dans mon chemin de femme. 


Quelques mois plus tard, j’ai reçu en rêve une Biche et son Faon, lesquels étaient entré librement dans ma maison, ayant laissé les fenêtres grandes ouvertes. Puis, le père-mâle s’est présenté au seuil de ma porte : un Cerf gigantesque, au poil auburn, dont les bois s’élevaient très haut. Il s’est avancé vers moi, me reniflant attentivement. Son regard était perçant, tranquille : il imposait le respect avec une douceur déconcertante. 


Mais quelle est donc la relation entre les deux rêves ? 


Il s’agit bien là de la nature symbolique et représentative du Masculin : cependant, sous deux formes différentes.

 


(1) L’archétype de la « Bête » : le masculin blessé


Dans notre société moderne, il est nombre figures du Masculin, néanmoins elles demeurent principalement négatives. Le rêve de « La Belle et la Bête » est venu dépeindre une conceptualisation hostile du Masculin, que ma psyché de femme avait engrammé depuis longtemps. L’héritage transgénéalogique de mes lignées de femmes (abus, manipulations, viols, incestes, violences, trahison, abandon etc.) est par ailleurs remonté à la surface, là où le trouble de la colère et de la peur s’éclaircit. 


   Qu’entendons-nous par « bête » ? Il est bien là la représentation de l’homme-hirsute et hostile, dont l’appétit de femme est insatiable et vorace ; la femme (Biche) est alors considérée comme une proie. Dans cette dynamique, dans la psyché collective des femmes, l’homme est un chasseur sans scrupule, qui s’accapare et enferme la femme qu’il considère comme uniquement sienne. C’est ainsi que, symboliquement, la femme est une « prisonnière » des griffes de l’homme. Cela peut aussi être représenté dans les rêves par un homme qui nous poursuit, souvent vêtu de noir. Dans les rêves, l’homme-bête est sombre, car celui-ci est associé à la peur qui génère une colère rentrée.

Il est en autre rêve dans lequel j’étais promise à être mariée à un homme inconnu : il était vêtu de noir, le regard fermé. Ici, il s’agit de la part d’ombre du Masculin. La « Bête » est alors l’homme perçu comme violent, aux intentions salissantes qui assied sa domination. 

   

    Dans la construction de la petite fille, cette image du monstre poilu (étroitement associé au symbole psychanalytique du sexe repoussant ou incestueux) se développe dans un milieu violent, où le père/compagnon de la mère abuse (physiquement ou émotionnellement) de celle-ci, ou de la fille. La petite fille peut développer plus tard une peur-soumission au sexe masculin, ou une hypersexualité. La petite fille n’entretient qu’un rapport dominant-dominé, et se fait petite pour « rester à sa place » dans ce climat de peur. Cette construction psychique de l’homme ne dépend pas seulement de sa perception de l’homme, mais aussi de ce que les mères racontent : leur histoires amoureuses, leur façon de penser l’homme, de l’aimer ou le détester. Aussi, la femme en grandissant va attirer des dynamiques relationnelles de la même trempe, si elle ne connait que cela. Dans ma vie de femme par exemple,  je n’ai connu que cette part là pendant très longtemps. Mes mères et grand mères aussi, alors même qu’elles m’ont montré que cette part : celle d’un masculin qui ne protège pas, mais qui humilie, et salit et abuse. Dans ma lignee, les femmes ont beaucoup eu peur, ont été abusée par des conjoints, ou parents homme. Ont été abandonnées, privées d’elles-mêmes. 

  

   En devenant adulte, le Féminin blessé voue une admiration mal placée pour le Masculin ; elle peut devenir dépendante pour se sentir exister. Il est une complexité comportementale qui s’installe. Elle se contente de peu, mais attend beaucoup, elle ne dit rien, mais mendie l’amour et l’attention, elle s’efface, et jusqu’à sacrifier sa dignité, de crainte de finir seule. Elle manque ainsi de structure et de protection : elle est vulnérable, sans écorce pour la solidifier et la voir grandir, sans racines pour la maintenir. 

Symboliquement, la femme est comme une terre fertile, qui vient nourrir. Le Masculin vient la féconder (energetiquement), la drainer, comme une coupe la remplir. Sans lui, la terre s’assèche. La vie meurt. 


   Pour parer cela, le Féminin se cuirasse (lire Dans le Ventre d’Ève, de Sylvie Bérubé), et endosse des traits du Masculin, mais qui ne pourront être correctement dirigés puisque ce n’est pas son rôle. 

Dans le rêve, la dame aux bois de Cerf c’est expressément la représentation de la femme-cuirassée : le schéma de la femme forte, voire castratrice, qui a « des couilles », la « super-héroïne » (ou la « super-maman ») qui se sauve elle-même, car le Masculin est jugé stérile et mauvais en tout. Elle vit un conflit intérieur constant qui la déchire entre : désir de fusion avec son complément et écoeurement.  En somme : elle a besoin du Masculin, mais n’en a pas envie. Aussi porte-t-elle les attributs du Masculin (force d’agir, pouvoir etc) mais de manière travestie. 


Néanmoins, la « Bête » au fond n’est qu’un homme, un Prince, victime d’un regard de haine extérieur. Ce regard n’est autre que celui d’un Féminin blessé, incompris dans son essence et sa fonction symbolique, et qui n’a pas su non plus apprivoiser cette « bête » et la regarder en face. 

Ce qu’il faut retenir dans ce panel archetypal, c’est bien que « la Bête » psychique est inféconde ; le Féminin ne s’épanouit pas auprès de cette image, mais bien auprès de celle du « Prince ». Ainsi le Féminin n’est plus seulement une « Belle prisonnière », mais devient une Reine souveraine d’elle-même et de son propre monde. 



(2) L’archétype du « Cerf » (Prince des forêts)  : le Masculin Divin



Le Cerf est dans de nombreuses traditions (chamanique, celtique) associé à la grandeur, à la noblesse, la douceur et la force tranquille. Celui-ci est toujours accompagné de sa Biche, son complément féminin. Ils représentent tous deux le Couple Sacré, aligné. Ils sont le Roi et la Reine dans leur essence parfaitement équilibrée. 


Ici, le Cerf représente une autre part du Masculin : lumineux et charismatique qui vient rompre avec celui de la Bête. Quoique le Cerf soit une bête, il ne l’est pas dans sa fonction symbolique ; car la seule bête est celle que l’on déteste et réprime au fond de soi. Dans le rêve, le Cerf est venu pour retrouver sa Biche et son Faon (archétype de l’enfant -intérieur-). La maison dans les songes symbolise toujours le Soi, la vie intérieure du sujet. Il fallait donc comprendre que seuls mon Féminin et mon enfant intérieur avaient été sainement intégrés par mon inconscient ; le masculin ayant été banni de cet « espace ». Mais le Masculin et le Féminin coexistent, l’un meure sans l’autre. 

Le Cerf dans le rêve est alors revenu pour protéger sa Biche car il la reconnaît en tant que son complément. Voilà un des attraits du Masculin Sacré : protéger, et reconnaître. 


L’énergie archetypale du Cerf est principalement associé à : la noblesse, la puissance, la souveraineté, le pouvoir, et la force tranquille. Il s’agit d’une présence qui impose le respect. Le Cerf honore sa biche, et celle-ci, aime son cerf. 

Ainsi : le masculin honore, protège et reconnait, tandis que le féminin aime, nourrit et reçoit.


Le Cerf n’est pas une bête dans le sens où ses énergies sont dirigées vers (et par) l’amour, le respect naturel et mutuel. L’archétype masculin du Cerf contraste donc celui de la Bête et vient l’opposer, en déplaçant la symbolique péjorative pour tendre vers une dynamique saine avec le Féminin. 


Dès lorsque le Féminin pose un regard d’amour, et de pardon sur le Masculin, l’on découvre un visage plus lumineux. Le Masculin n’est plus défini comme bestial. Le Féminin quitte l’espace d’ombre dans lequel elle se terrait, pour aller à la rencontre d’un Masculin nouveau. Elle se rend compte que cette bête n’était qu’une croyance limitée, une construction psychique qu’elle doit définitivement laisser partir. Lorsque le Féminin choisit d’avancer vers son Masculin (intérieur) pour mieux comprendre son essence, auprès de l’archétype du Cerf, elle prend conscience que : 


Le masculin n’est en rien méchant, bestial, mauvais, manipulateur, froid, vorace, violent et prédateur. Ça, c’est le regard toxique du Masculin blessé qui ne sait pas s’exprimer. Cette part, c’est « la Bête », hirsute et hostile. 


Au contraire, le Masculin, le vrai, le sacré, protège, et Honore. Il est chaleureux comme les rayons du soleil, il ravive et illumine le féminin, la rend « Belle » (car le Masculin n’est plus une Bête). Il fait du Féminin une Reine. 

Le Masculin est grand, mais ne domine pas, il ne fait pas peur car il n’écrase pas autrui, et ne le rabaisse pas. Il laisse le Féminin Libre d’être et de rayonner. Le Masculin est noble, dans son pouvoir et sa puissance, mais il ne soumet pas, il nous aide à grandir, à pousser et à assumer notre souveraineté. 

Le Masculin est fort, fougueux sans jamais réfréner autrui. 

Le Masculin agit, en conscience et dans la bienveillance, mais jamais ne restreint. 

Au final il impose le Respect, s’Affirme par sa présence juste. 

Et c’est en ce sens que le Féminin peut dévouer tout son amour, devenir Réceptacle fécond de création. Car il est structuré, et en sécurité. 



Lorsque le Féminin se réconcilie avec son Masculin, elle cesse de chercher ailleurs ce qui lui manque dedans : protection, support, reconnaissance, sécurité. Elle est enfin comblée et complète. 

Son « besoin » dépendant d’homme se mue en un désir naturel : elle appelle, et magnétise son complément. Elle devient alors inspirante, créatrice, désirante, féconde et pleinement aimante. Son Masculin intérieur en place, désormais reconnu comme non menaçant, non plus comme un ennemi mais un partenaire confiant, vient lui rappeler qu’elle est « Belle », que sa sensibilité n’est pas une faiblesse ou une prise, que sa délicatesse doit être mise au service du monde, que sa beauté ne la mettra pas en danger : elle sera au contraire magnifié et honorée.


Et de la même manière, le Masculin Interieur incarne l’archétype du Père, pour la petite fille intérieure. Le Cerf et Biche étant également l’archétype des Parents. Il est ce père bienveillant, solide qui reconnaît la beauté, la sensibilité et la vulnérabilité de la Petite Fille. Il vient polir les creux du manque de reconnaissance et d’appui, et des blessures passées, vient remplir la coupe du fluide de la vie. Les schémas relationnels ou comportementaux se rompent car le Féminin n’est plus asservi pour survivre, ni assujetti pour être aimé.


Le Féminin est libre intérieurement, en pleine possession de son pouvoir.



AFFIRMATION :


« J’accueille la Présence du Cerf-Roi dans mon cœur et dans mon ventre de femme, car Il fait parti de moi. Il est moi, cette autre part qui me complète, me rend Belle et je l’Aime. »





Nora Isis©️

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